Tous les deux ans, parallèlement à la diffusion permanente de sa collection sur le territoire d’Auvergne-Rhône Alpes, l’Institut d’art contemporain présente celle-ci in situ, dans ses murs et ex situ, en collaboration avec ses partenaires culturels de Villeurbanne.
Né en 1978 en tant que Nouveau Musée, puis devenu l’Institut suite à la fusion avec le Frac Rhône-Alpes en 1998, l’IAC propose pour cette édition 2016 de revenir sur dix années de création, d’expositions, d’acquisitions et de recherche, menées par sa directrice Nathalie Ergino.
Né en 1978 en tant que Nouveau Musée, puis devenu l’Institut suite à la fusion avec le Frac Rhône-Alpes en 1998, l’IAC propose pour cette édition 2016 de revenir sur dix années de création, d’expositions, d’acquisitions et de recherche, menées par sa directrice Nathalie Ergino.
Conçue à partir d’une relecture des expositions monographiques et collectives, terrains d’expérimentation et de recherches privilégiés, 2006Immersions2016 rappelle le principe constitutif de l’ADN IAC : la quasi-simultanéité de l’émergence des oeuvres et de la collection, avec la création comme fondement et par conséquent comme vecteur d’une collection.
Cette exposition renvoie également aux recherches menées sur le long terme de 2009 à 2015, dans le cadre du Laboratoire espace cerveau, autour des relations entre espace, temps, corps et cerveau.
Ainsi, l’expérience perceptuelle - questionnement partagé par un nombre conséquent d’artistes présentés à l’IAC au cours de ces dix dernières années - traverse l’ensemble des oeuvres de l’exposition Immersions.
Ce sont en grande part les mécanismes de la perception qui sont ici appréhendés, qu’il s’agisse de spatialisation, de pertes des repères ou d’états modifiés de la conscience.
A titre d’exemple, un élément discret révèle ce parti-pris et le «passage» de Jean-Louis Maubant, fondateur directeur de l’IAC, à Nathalie. En 2008, elle rehausse le socle de Two cubes, one rotated 45° de Dan Graham à hauteur d’oeil. On passe alors d’une approche conceptuelle vers une dimension perceptuelle : d’un point de vue analytique, en surplomb du mécanisme de projection, le regard est convié à plonger dans le cadre, à l’intérieur d’un dispositif. La vision s’engage, et avec elle le corps, en immersion.
Imprégnées par la prise de conscience encore récente d’une coexistence de l’espace et du temps, les œuvres d’Immersions portent l’héritage même lointain des théories de la relativité. Bouleversant la conception de notre inscription au monde, cette appréhension remet en cause nos repères, construits selon l’évidence des apparences, et nous amène dès lors à observer le réel différemment. L’immersion, action de plonger un corps dans un élément par-delà sa surface, implique de franchir un seuil. Être en immersion revient à s’éloigner de l’origine, vers une perte potentielle des repères.
Les artistes réunis ici ouvrent des pistes, expérimentent les limites, les font entrer en vibration. Utilisant l’espace comme matériau, l’hypnose, la transe et autres dérégulateurs de conscience comme outil, Immersions plonge le visiteur au coeur d’une expérience le conduisant à explorer le réel avec une acuité exacerbée.
Elément fondamental à notre inscription dans le monde, l’espace s’expérimente dans ses multiples acceptions : le volume architectural, l’espace mental et imaginaire, l’étendue cosmique. Les œuvres d’Immersions affirment une physicalité manifeste. Stimuli optiques et jeux cinétiques d’aplatissement des reliefs dans l’espace attirent l’attention sur les sensations immédiates et déstabilisent les usages normatifs du corps.
À partir de ces expériences en acte, les limites séparatrices entre corps et cerveau, entre corps et espace semblent toutes relatives. Au-delà des mots, au-delà des yeux, c’est d’un corps-cerveau tout entier dont il est question.
Sonder le réel dans toutes ses dimensions, spatiales et temporelles y compris, déconstruire les leurres de la cognition et de la perception, détourner les structures narratives familières qui façonnent nos réalités individuelles ou collectives… telles sont les intentions des artistes présentés ici. Avec Doubling Back, Anthony McCall déjoue l’outil de projection du film et transforme l’image en sculpture de « lumière solide » pour nous plonger dans une perception corporelle globale, Singularity d’Alexander Gutke déconstruit les outils de production et de diffusion d’une image pour s’emparer de l’espace, Everest d’Evariste Richer, usant de la mesure comme autorité apparente de la science, quantifie l’incommensurable des hauteurs du mont éponyme, et nous porte aux limites de l’absurde, Matt Mullican par ses dessins sous hypnose tente de nous représenter l’invisible…
Appréhendés aux confins de leurs possibilités, les liens entre l’oeuvre, le corps et l’espace déploient un large spectre de relations dynamiques. Offrant une distance critique sur notre conditionnement humain, Immersions approfondit nos failles, nos croyances, selon une attitude distanciée posant jusqu’aux conditions mêmes de l’art. Immersions propose un espace d’incertitude pour trouver de nouveaux biais de questionnements et faire émerger des regards critiques, plus que jamais nécessaires.
#experienceIAC
La notion d’expérience constitue un moteur pour l’ensemble des propositions de l’IAC. En effet, si elle détermine les choix artistiques, axés depuis 2006 sur l’expérience perceptuelle, elle motive également un positionnement à l’égard des visiteurs. C’est en préalable, par une attention sensible et personnelle portée aux oeuvres et à leur environnement, que s’instaurent ensuite connaissance et transmission.
Ainsi que l’évoque Denis Cerclet1, l’expérience devient alors le fruit de cette rencontre entre le visiteur et l’œuvre et favorise l’existence conjointe de soi et de ce qui nous entoure, l’un et l’autre se construisant au fil de cette concertation. Pas d’idées, ni de réel qui ne soient soumis à l’expérience de la relation.
L’expérience telle qu’elle est mise en pratique à l’IAC permet aussi de contribuer aux questionnements du Laboratoire espace cerveau, destiné depuis sa création à réévaluer notre relation à l’environnement.
1 Denis Cerclet, anthropologue, maître de conférences, Université Lumière-Lyon 2
Cette exposition renvoie également aux recherches menées sur le long terme de 2009 à 2015, dans le cadre du Laboratoire espace cerveau, autour des relations entre espace, temps, corps et cerveau.
Ainsi, l’expérience perceptuelle - questionnement partagé par un nombre conséquent d’artistes présentés à l’IAC au cours de ces dix dernières années - traverse l’ensemble des oeuvres de l’exposition Immersions.
Ce sont en grande part les mécanismes de la perception qui sont ici appréhendés, qu’il s’agisse de spatialisation, de pertes des repères ou d’états modifiés de la conscience.
A titre d’exemple, un élément discret révèle ce parti-pris et le «passage» de Jean-Louis Maubant, fondateur directeur de l’IAC, à Nathalie. En 2008, elle rehausse le socle de Two cubes, one rotated 45° de Dan Graham à hauteur d’oeil. On passe alors d’une approche conceptuelle vers une dimension perceptuelle : d’un point de vue analytique, en surplomb du mécanisme de projection, le regard est convié à plonger dans le cadre, à l’intérieur d’un dispositif. La vision s’engage, et avec elle le corps, en immersion.
Imprégnées par la prise de conscience encore récente d’une coexistence de l’espace et du temps, les œuvres d’Immersions portent l’héritage même lointain des théories de la relativité. Bouleversant la conception de notre inscription au monde, cette appréhension remet en cause nos repères, construits selon l’évidence des apparences, et nous amène dès lors à observer le réel différemment. L’immersion, action de plonger un corps dans un élément par-delà sa surface, implique de franchir un seuil. Être en immersion revient à s’éloigner de l’origine, vers une perte potentielle des repères.
Les artistes réunis ici ouvrent des pistes, expérimentent les limites, les font entrer en vibration. Utilisant l’espace comme matériau, l’hypnose, la transe et autres dérégulateurs de conscience comme outil, Immersions plonge le visiteur au coeur d’une expérience le conduisant à explorer le réel avec une acuité exacerbée.
Elément fondamental à notre inscription dans le monde, l’espace s’expérimente dans ses multiples acceptions : le volume architectural, l’espace mental et imaginaire, l’étendue cosmique. Les œuvres d’Immersions affirment une physicalité manifeste. Stimuli optiques et jeux cinétiques d’aplatissement des reliefs dans l’espace attirent l’attention sur les sensations immédiates et déstabilisent les usages normatifs du corps.
À partir de ces expériences en acte, les limites séparatrices entre corps et cerveau, entre corps et espace semblent toutes relatives. Au-delà des mots, au-delà des yeux, c’est d’un corps-cerveau tout entier dont il est question.
Sonder le réel dans toutes ses dimensions, spatiales et temporelles y compris, déconstruire les leurres de la cognition et de la perception, détourner les structures narratives familières qui façonnent nos réalités individuelles ou collectives… telles sont les intentions des artistes présentés ici. Avec Doubling Back, Anthony McCall déjoue l’outil de projection du film et transforme l’image en sculpture de « lumière solide » pour nous plonger dans une perception corporelle globale, Singularity d’Alexander Gutke déconstruit les outils de production et de diffusion d’une image pour s’emparer de l’espace, Everest d’Evariste Richer, usant de la mesure comme autorité apparente de la science, quantifie l’incommensurable des hauteurs du mont éponyme, et nous porte aux limites de l’absurde, Matt Mullican par ses dessins sous hypnose tente de nous représenter l’invisible…
Appréhendés aux confins de leurs possibilités, les liens entre l’oeuvre, le corps et l’espace déploient un large spectre de relations dynamiques. Offrant une distance critique sur notre conditionnement humain, Immersions approfondit nos failles, nos croyances, selon une attitude distanciée posant jusqu’aux conditions mêmes de l’art. Immersions propose un espace d’incertitude pour trouver de nouveaux biais de questionnements et faire émerger des regards critiques, plus que jamais nécessaires.
#experienceIAC
La notion d’expérience constitue un moteur pour l’ensemble des propositions de l’IAC. En effet, si elle détermine les choix artistiques, axés depuis 2006 sur l’expérience perceptuelle, elle motive également un positionnement à l’égard des visiteurs. C’est en préalable, par une attention sensible et personnelle portée aux oeuvres et à leur environnement, que s’instaurent ensuite connaissance et transmission.
Ainsi que l’évoque Denis Cerclet1, l’expérience devient alors le fruit de cette rencontre entre le visiteur et l’œuvre et favorise l’existence conjointe de soi et de ce qui nous entoure, l’un et l’autre se construisant au fil de cette concertation. Pas d’idées, ni de réel qui ne soient soumis à l’expérience de la relation.
L’expérience telle qu’elle est mise en pratique à l’IAC permet aussi de contribuer aux questionnements du Laboratoire espace cerveau, destiné depuis sa création à réévaluer notre relation à l’environnement.
1 Denis Cerclet, anthropologue, maître de conférences, Université Lumière-Lyon 2