Né en 1962, à Barcelone (Espagne)
Vit et travaille à Barcelone et à Paris
Jordi Colomer étudie l’architecture à Barcelone dès 1983, dans l’effervescence de l’Espagne postfranquiste. Son intérêt pour l’architecture, la performance, le théâtre, le cinéma et la photographie, le décide à construire sa pratique artistique au carrefour de ces différentes disciplines. À partir de la fin des années 90, Jordi Colomer est invité dans des expositions collectives et personnelles, en Espagne et à l’étranger.
En 1997, le MACBA expose sa première vidéo, Simo, dans laquelle il filme une personne de petite taille qui entasse compulsivement des boîtes en carton. Présenté dans une structure architecturale en bois, le film Simo, premier d’une série de plusieurs vidéo-installations, annonce déjà les grands thèmes qui structurent l’œuvre de Jordi Colomer : le décor, le théâtre, le rapport entre acteurs et spectateurs, le temps, l’architecture. Dans ce film, le personnage lance une maquette de la Cité radieuse de Le Corbusier, annonçant ainsi la série Anarchitekton (2002-2004) qui donne à voir un personnage brandissant les maquettes de bâtiments devant les bâtiments mêmes.
L’ensemble de l'œuvre de Jordi Colomer brouille les codes spatiaux, temporels et culturels du visiteur : l’artiste tourne ses films dans des décors impossibles (Le Dortoir, 2002), photographie ses sculptures (Papamóvil, 2005) et fait porter à des yéménites des panneaux sur lesquels sont inscrits en arabe des noms de personnalités occidentales et yéménites (Arabian Stars, 2005). « De manière générale, il y a toujours, dans mon travail, une dimension performative, souvent liée à l’objet1 » .
En 2004, l’Institut d’art contemporain invite Jordi Colomer à réaliser une exposition personnelle dans laquelle se côtoient films, maquettes et sculptures. Le visiteur découvre une œuvre sans artifice qui donne à voir et à comprendre les ficelles de la fiction (l’habitat ressemble à un décor, l’action semble être une représentation théâtrale) mais sans jamais compromettre l’adhésion du spectateur au simulacre.
Au cœur de ses travaux les plus récent, les différentes facettes de l’utopie et de la dystopie se lient à la fiction et l’histoire, notamment à travers la figure de la ville, lors de l’exposition d’œuvres protéiformes X-Ville à la Galerie Michel Rein, en 2015.
En 2017, avec l’installation ¡Únete! Join Us! Jordi Colomer invite les spectateurs de la 57e Biennale de Venise à participer à une forme d’utopie urbaine, où nomadisme, voyage et errance permettent une expérience de la ville et des coexistences urbaines.
1Jordi Colomer, « Conversation entre Marta Gili & Jordi Colomer », Jordi Colomer. Fuegogratis, Cherbourg : Le Point du Jour ; Paris : Jeu de Paume, 2008, p. 166.